Sa mauvaise réputation le précède. Il s’accumulait dans les tissus lors d’efforts anaérobies, provoquait des brulures, des défaillances musculaires et une diminution de la force. C’était un déchet, un poison même… Mais ça c’était avant ! Depuis les années 80, et son dosage quasi systématique dans le sport de haut niveau comme marqueur de l’intensité de l’effort, notre connaissance du lactate a bien évolué, au point de franchir une nouvelle étape surprenante et même spectaculaire au début de cette année 2021 aux Etats-Unis.

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Oubliez votre seuil anaérobie !

Un article passionnant, signé par Anthony MJ SANCHEZ dans le « Sport et Vie » de septembre (1), nous apprend en effet que les dernières études menées par George BROOKS (Université de Californie) détruisent complètement toutes les idées reçues sur les lactates. Le chercheur et son équipe rappellent d’abord que les lactates sont utilisés par la mitochondrie pour former l’ATP (2) mais ils nous apprennent que ces lactates sont aussi transportés par le sang vers différents organes en fonction de leurs besoins en réplétion du glycogène ! La découverte est plus importante qu’il n’y parait à première vue : d’abord parce que la célèbre lactatémie s’en trouve considérablement fragilisée (comment se fier à une mesure du lactate à un « moment T » sachant qu’il commence à être produit dès le début de l’effort et qu’en plus une part inconnue -et variable- peut être acheminée en permanence vers les organes demandeurs ?). Ensuite on peut de facto, pour ces mêmes raisons donc, oublier le fameux seuil lactique comme indice ²d’accumulation incontrôlée² ! Comment savoir quelle part du lactate produit au départ a déjà été transportée et utilisée ?

Le meilleur antidépresseur ?

Ainsi des découvertes majeures ont récemment révélé que les lactates intervenaient dans la régulation de la faim, amélioraient la fertilité (!) et agissent sur le processus de fermentation de la flore intestinale ! N’en jetez plus… Mais le plus prometteur dans toutes ces bonnes nouvelles, c’est certainement la confirmation du rôle antidépresseur du L-Lactate ! De nombreuses souris de laboratoire traitées car totalement déprimées (3) peuvent en témoigner : leur bien-être retrouvé était en tous points identique à celui de leurs congénères sous désipramine (antidépresseur tricyclique).

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Lactates sous ordonnance ?

Les lactates, en plus de toutes les qualités évoquées ci-dessus, contribueraient également à la régulation de nombreux gènes, notamment certains impliqués dans la dépression et d’autres dans l’adaptation à l’entrainement. Lorsqu’on fait le bilan on imagine alors aisément que ces connaissances émergentes constitueront bientôt des enjeux de recherches majeurs, si ce n’est pas déjà le cas, notamment pour les laboratoires pharmaceutiques, dans la course au bien-être et à la performance. 

Conclusion

En lisant les conclusions de ces études on comprend mieux le(s) rôle(s) positif(s) exceptionnel(s) de ce qu’on a trop longtemps nommé, à tort, « acide lactique » sur le corps, et l’esprit donc. Pas mal pour un déchet !

Certes la science avance, mais derrière cette Lapalissade on est en droit de se demander si certains réflexes ne sont pas désormais à bannir de notre environnement.

Ces avancées peuvent en effet nous questionner sur la collecte de données, par exemple en ce qui concerne la charge d’entrainement, et peut-être nous faire nous intéresser davantage à des méthodes plus « modernes », telle que la variabilité cardiaque.

 

 

Sources :  

  • « Le meilleur de tous les antidépresseurs », Sciences et Vie n°188, septembre-octobre 2021.

  • Lactate in contemporary biology : a phoenix risen, journal o physiology, février 2021.

  • Peripheral administration of lactate produces antidepressant-like effects, Molecular Psychiatry, février 2018

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